12 chambres confotables de 25m²
L’HéritageSi Dar L’Oussia m’était conté
En ce temps-là, dans les années cinquante d’un siècle passé, un pays: La France, se remettait de durs combats qui l’avaient ébranlée, elle reprenait pied, renaissait, rebâtissait,…
Pour certains, l’appel du large, l’aventure, un ailleurs attirait… Mes parents furent de ceux-là. Ils vinrent s’installer ici, à Mogador. Mon père, en 1946, sous contrat avec la Société Fougerolles (Grands Travaux de Marseille) participa à la construction du barrage de Bin el Ouidane.
En 1949, il eut le coup de foudre pour Mogador et acheta sans attendre la maison située près du port, rue de Belgique, où le consulat du même nom avait ses quartiers.
Notre père acheta la maison «L.U.C.I.A» à Monsieur Honora. À l’époque « Dar L’Oussia », nom actuel de notre ancienne maison, se composait d’un seul étage. Le rez-de-chaussée servait alors d’entrepôt: du grain pour l’import-export y était stocké, ainsi que des épices et autres marchandises…L’immeuble qui occupait les deux tiers de la rue s’appelait: « L.U.C.I.A », abréviation de L’Union Commerciale Indochinoise et Africaine. Il faut mentionner qu’à l’époque Mogador était un des ports les plus importants du Maroc.
Notre famille était, alors,, déjà nombreuse; moi, Yves Pélissier, le benjamin de la famille, je n’étais pas encore né… Ma venue fut programmée pour l’année 1952. Déjà quand je naquis j’avais deux frères et deux sœurs… C’était une belle tribu!
Au premier étage, se trouvait le bureau de mon père que je n’ai guère modifié; en suivant, la cuisine, le salon et, à l’emplacement du Hammam, se trouvaient les chambres de mes frères et sœurs. Quant à moi, je vis le jour dans l’actuelle chambre numéro 16, qui était celle de mes parents. La vie suivait son cours…
En 1953, mon père décida d’installer une cheminée: ce fut un événement! Nous eûmes tellement chaud que nous dûmes quitter la pièce…c’était pourtant le 25 décembre!L’année suivante fut pour nous l’amorce d’un départ… celui d’Essaouira. Mon père laissa son entreprise pour prendre un poste à Agadir à la Défense des Végétaux (D.V.) où il participa à la lutte anti-acrilienne, lutte contre l’invasion des sauterelles! Il resta en poste à Agadir pendant deux ans.
En Juillet 1955, toute la famille regagna la France. Mon père était à présent Directeur de la S.M.A.C. (Société des Mines et Asphalte du Centre) à Bordeaux. Une nouvelle vie commençait ! La maison «L.U.C.I.A» fut abandonnée pendant de nombreuses années … Dans les années 1960, des coopérants -enseignants l’occupèrent : Monsieur et Madame Chavot marquèrent les esprits, ils dispensèrent leur enseignement à de nombreux cadres souiris, qui s’en souviennent encore.
Quand ils durent quitter Essaouira (en 1977), la maison fut à nouveau à l’abandon… puis squattée ! Ce n’est qu’après des années de procédure qu’enfin, en Avril 1995, nous reprîmes possession de l’immeuble «L.U.C.I.A» !
Je suis venu sur place en 1996, avec mon neveu Bruno, et là nous avons commencé à remettre en état « l’existant ». Il avait fallu tout ce temps, quarante ans, pour retrouver mes racines, nos racines…
En 1997, après le décès de mon père, qui m’avait donné la maison en héritage, j’envisageais un projet de réhabilitation de l’immeuble, et j’entrepris les démarches dans ce sens. Avec mon ami Didier nous fîmes une première ébauche de projet. Mais, du rêve à la réalité, il y avait un immense pas à franchir ! Ce fut un vrai travail de «Romains»…Les premiers travaux, avec des moyens très limités, démarrèrent durant l’été 2000, en souvenir de la naissance de mon père… Ils se terminèrent en décembre 2004! Ce furent quatre ans de labeur, de sueur, un enfer! Mais, toutes ces années j’étais animé d’une foi à toute épreuve !
Au 1er Janvier 2005, un réveillon eut lieu à «Dar L’Oussia», en comité restreint et très cosmopolite puisque se mélangeaient diverses nationalités, à savoir : français, espagnols, marocains, catalans, sénégalais et japonais… Déjà, en janvier 2005, dix chambres étaient disponibles.
Pour la maison “L.U.C.I.A”, que j’ai rebaptisée Dar L’Oussia en mémoire du temps passé, c’était un nouveau départ… Mon rêve était réalisé !
Yves Pélissier-Hermitte
Témoignages
Monsieur Honora, à qui mon père avait acheté l’immeuble L.U.C.I.A , est venu pendant les travaux. Il a vu le travail accompli, il s’est assis sur une chaise et a pleuré… J’ai aussi eu le bonheur d’accueillir sa fille, qui est venue à l’hôtel en 2007, pour y fêter son anniversaire : elle y était née, elle aussi! Que pourrais-je rajouter à cette belle histoire … Mon amie Nicole , qui m’a servi de scribe m’a dit ceci : « Ton rêve a pu aboutir car, benjamin de la fratrie, né à L.U.C.I.A, tu as repris le flambeau que ton père t’a transmis en te l’offrant en héritage… Il aimait Mogador, il aimait cette maison, tu lui as redonné vie. Ce fut une terre d’adoption pour toute ta famille, et maintenant que ton « chef d’œuvre » , à la façon des Compagnons du Tour de France est achevé, grâce à toi, ta famille peut renouer avec le passé, car tous vous portez Mogador dans votre cœur, et « Dar L’Oussia » est la maison de votre enfance … »
C’est une belle histoire , ne croyez-vous pas ?
Propos recueillis par Nicole Le Garrec, Mars 2011
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